ISBN : 978-2-89419-868-1
Office du 1er mai 2023
On se met à table. On lit le Journal d’usine de la philosophe Simone Weil, ses notes d’ouvrière pendant qu’elle planifie une grève. On lit les carnets de l’artiste Lee Lozano, écrits alors qu’elle abandonne peu à peu le milieu de l’art. Malades au travail, excédées par l’ordre des choses, toutes deux renoncent dorénavant aux impératifs les plus élémentaires de la vie : l’une à la nourriture, l’autre à l’amitié. On porte aussi attention aux textes de mystiques du Moyen Âge, à leur pari d’atténuer la voix pour se faire entendre autrement et, ainsi, déjouer les rapports d’autorité.
Il semble qu’on puisse se retirer des marches à suivre, mais pas du travail d’écrire. Maude Pilon apprend à tisser une dentelle : entrelacer les matériaux, faire avec, tendre faiblement et couper le fil deviennent ses moyens de lire et d’écrire. Elle se permet de ne pas trop expliquer. Elle a confiance, « les lecteurices font ce qu’iels peuvent ».
À midi, une joie est une communication expérimentale où s’entrecroisent citations, images, et tables jonchées de matériaux divers. Voilà « une chorale ultrapersonnelle ». Ni enseignement ni récit, et pourtant lieu d’apprentissage artisanal et politique, cet ouvrage tente de dessiner les outils d’une ère post-travail. Car « qui peut faire plus ? »