Éloge de l’inconnu

Comment surmonter la peur de mourir qui est en même temps la peur de vivre de la plupart d’entre nous? Excessivement curieux, le geste de la poésie cherche à soulever le voile sur les nombreux refoulements qui briment la sensibilité et l’intelligence de chacun.

Sans jamais dominer le présent, l’expérience de l’écriture nous invite à embrasser la grande énigme de la nuit humaine, à dévisager la flamme du réel que rien ni personne ne peut évincer. Ce n’est qu’alors que l’inconnu entre en activité, que le corps s’expose aux tremblements de la matière, que le langage cesse de nous restreindre pour nous livrer à un monde aux frontières équivoques.

Avec la désinvolture qu’on lui connaît, François Charron nous offre un voyage baroque au sein d’un espace aux intonations multiples et aux contrastes inattendus. En cette fin de siècle (sinistre vingtième siècle que nous ne pleurerons pas!), voilà sa façon à lui de nous lancer ses réflexions furieuses tout en nous incitant à décevoir les pièges de la commune médiocrité.

Ouverture insensée, souffle toujours plus libre, son Éloge de l’inconnu s’inscrit comme un vaste éclat de rire devant tous ces pieux et savants discours qui transforment en idoles nos petites possessions intérieures. Il en revient à nous-mêmes, et à nous seuls – nous dit le poète – de retrouver la clef qui nous mette en contact avec la source du savoir.  

1998, 138 p.