Beauport, vendredi 6 novembre 1987. – Qui suis-je. Moi. Rien que moi. Les littérateurs diraient que c’est déjà beaucoup, moi je soutiens que ce n’est rien du tout. Car qu’est-ce qu’un moi. (En tout cas je lis depuis deux jours un livre que m’a prêté Sylvie et qui s’intitule Signé Hubert Aquin. Un collage d’entretiens de Gordon Sheppard avec la femme d’Aquin Andrée Yanacopoulo. Sous-titre: enquête sur le suicide d’un écrivain, Aquin s’étant en effet suicidé, le pôvre, le 15 mars 1977. Un livre publié au printemps 1985 pendant que j’étais à Paris. C’est ABERRANT, je n’ai jamais rien lu d’aussi con et d’aussi stupide. Éditeur: Boréal, le gang de Jacques Godbout. Aussi, je termine la lecture de cette infâmitude, encore 190 pages sur 360 et, je le jure, plus jamais je ne lirai quoi que ce soit d’Aquin ni sur Aquin. Il y a des limites à se faire charrier l’esprit de cette façon. Aussi il y a longtemps que j’aurais dû commencer à me méfier de Jacques qui m’a dit au printemps qu’Hubert Aquin avait été au Québec son seul ami. En résumé: il devrait être absolument interdit d’engendrer des suicidaires.)

1997, 410 p.