Voici la réédition d’un essai qui n’a pas manqué d’attirer l’attention de tous ceux qui s’intéressent à l’histoire des idées au Québec. Publié en 1982, La passion d’autonomie constitue un vivant plaidoyer pour la liberté qui s’incarne et la conscience rebelle qui affronte les peurs de la solitude, de l’abandon et de l’inconnu.

Relançant d’une façon inattendue la critique des fondements religieux et idéologiques de l’utilitarisme en littérature, l’essai vient bousculer nos vieilles convictions instituées. Sa réflexion nécessaire mise sur une souveraineté inconvenante, un bouleversement des frontières, pour aller au-delà des valeurs de continuité morale qui étouffent les audaces du geste créateur; elle soulève du même coup l’urgence de penser une véritable éthique du travail de l’écrivain.  

Cette nouvelle édition revue et complétée est suivie d’un important inédit, Une décomposition tranquille, texte où l’on fait le point sur la situation politique actuelle, tout en poussant plus loin l’analyse de la convention nationaliste dominante. En se démarquant d’une intentionnalité demeurée fermée aux blessures du possible, notre altérité s’en trouve étonnamment enrichie. Le jeu de l’écriture (ses intuitions, ses doutes, ses refus de croire) demande ainsi à chacun d’assumer la portée vertigineuse d’une parole qui l’éprouve et l’ouvre de l’intérieur.

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«Utopie, donc, que cette "passion d’autonomie"? Oui, tout comme Refus global, et il me paraît vital de s’exposer à la luminosité et à l’attraction d’une utopie qui incite à respecter la dialectique ininterrompue entre le je et le nous, entre le pouvoir et le désinvestissement du pouvoir. Rayonnement intense d’un tel texte, pour qui tient à la "spontanéité essentielle", à la "liberté des souffles"!»

Robert Vigneault, L’écriture de l’essai

1997, 170 p.